Le
texte qui suit n'est que la deuxième partie de ma réponse à un ami en ligne au sujet
de la mondialisation et du rôle que la France peut y jouer. Le lecteur trouvera
d'abord le commentaire initial et les questions posées; ma réponse commence par
un bref aperçu de mon parcours et de ma connaissance de la France, éléments
essentiels pour bien saisir les fondements de ma démarche. La première partie,
déjà publiée, est disponible en trois langues (français, russe et anglais)
ici :
Глобальный
сдвиг - Changement Global - Global Shift
ttps://megalommatiscomments.wordpress.com/2025/11/03/глобальный-сдвиг-changement-global-global-shift/
Commentaires et questions
Bonjour ! J'espère que vous allez bien ! Merci de suivre ma page. Je
voulais aborder un sujet qui soulève des questions. Avez-vous entendu parler
des débats autour du Global Shift ou remarqué les récents changements
économiques ? Avez-vous des stratégies pour gérer ces changements ? N'hésitez
pas à partager vos idées !
Ma réponse
Merci de m'avoir donné l'opportunité de rédiger des articles intéressants à
partir de ma réponse à votre question ! Ma réponse précédente ne
constituait en effet que la première moitié de ma réponse ; je la complète
ici avec la seconde. J'ai toujours besoin d'écrire en deux temps lorsqu'une
personne (comme vous en l'occurrence) m'interroge sur un sujet que je n'ai
jamais abordé auparavant. Je rédige d'abord un premier texte qui pose les bases
de mon raisonnement ; je me donne ensuite un peu de temps pour y réfléchir
et finalement développer le reste de ma réponse. Vous l'avez peut-être déjà ressenti,
puisque la France n'était pas mentionnée dans la première partie (ma première réponse).
J'ai terminé mon texte précédent avec l'exemple du prophète Jonas et des
Ninivites, et je vais maintenant commencer par eux ; on dit qu'ils ne
faisaient pas la différence entre leur main droite et leur main gauche
(« plus de cent vingt mille personnes qui ne savent pas distinguer leur
main droite de leur main gauche »). C'est précisément ma méthode :
les fondements constituent ma première partie et le développement de mon
raisonnement, ma seconde.
Étant donné que vous êtes française, vous faites certainement référence aux
débats sur la mondialisation et la France, en évoquant également la situation
économique et financière actuelle du pays. Et lorsque vous me demandez mon avis
sur les stratégies possibles pour gérer ces changements, vous pensez assurément
à la France.
Je crois qu'aucune proposition stratégique globale ne peut être élaborée
face au déclin majeur d'un pays sans :
a) une évaluation précise de la situation ;
b) une compréhension des modalités de ce déclin ;
c) l'identification des véritables ennemis ; et
d) la mise en œuvre de stratégies efficaces pour renverser la situation
face aux ennemis précédemment identifiés.
Dans la présente partie de ma réponse, j'aborderai les deux premiers
points, tout en vous offrant un bref aperçu de mon parcours.
1. Bref aperçu de mon parcours et de ma familiarisation
avec la France
Bien que j'aie vécu dans de nombreux pays d'Asie, d'Afrique et d'Europe
après avoir quitté la France en 1981, et malgré mes rares visites (la dernière
remontant à août 1999), j'ai continué à suivre de près les évolutions
socio-économiques et politiques qui s'y sont déroulées au cours des dernières
décennies. Je suis plusieurs débats et j'écoute attentivement les interviews et
les conférences. La liste serait longue si je devais l'énumérer.
À quelques exceptions près, je crois que vous êtes pris dans un tourbillon
de confusion et qu'il vous est impossible de prendre du recul pour voir ce qui
s'est réellement passé en France ces cinquante dernières années. Avant même
d'entamer mes études supérieures en France (1978), je suivais de près
l'actualité politique et les débats intellectuels et universitaires, d'autant
plus que j'avais suivi des cours de langue et littérature françaises à
l'Institut français d'Athènes, après avoir été élève pendant six ans
(1968-1974) au lycée Léonin d'Athènes.
Bien que j'aie été résolument partisan de Jacques Chaban Delmas en 1974,
j'ai progressivement éprouvé de la sympathie pour Jacques Chirac lorsqu'il
était Premier ministre. Pourtant, au second tour de l'élection présidentielle
de 1981, j'ai préféré François Mitterrand à Giscard d'Estaing (que je détestais
profondément). Mais Mitterrand a commis une grave erreur en ne comprenant pas
l'impact cumulé des mandats de Margaret Thatcher et de Ronald Reagan en
Occident ; il a gaspillé inutilement du temps, des ressources et sa vision
pour la France avec le désastreux gouvernement de Pierre Mauroy, pour
finalement se voir attribuer le titre sarcastique à la une de L'Express :
« Capri, c'est fini » (1984).
Pourtant, la France était bien le pays qui avait créé le Minitel dès les
années 1980, alors qu'une telle chose était absolument inconcevable pour la
Chine, l'Inde, le Brésil, et même l'URSS. Bref, j'étais très déçu par Jacques
Chirac et Alain Juppé (« le meilleur d'entre-nous » !). Je vais vous donner la
date précise à laquelle j'ai réalisé que la France était confrontée à de
sérieux problèmes. Mais n'oublions jamais le Minitel ! Cela a bel et bien
existé par le passé, et cela en dit long.
En octobre 2001, alors que je vivais au Caire et travaillais pour une
publication anglophone, je rendis visite à l'attaché commercial de l'ambassade
de France dans son bureau de Zamalek et m'entretins avec lui au sujet du
développement et de la mise en œuvre d'Internet en France. Il était très
sincère, et c'est pourquoi l'une de ses phrases me choqua :
« Mais ne croyez pas qu'il existe en France l'équivalent de Microsoft ! »
Ayant admiré Charles de Gaulle durant mon enfance, à l'âge de 8 ou 9 ans, à
Athènes en 1964-1965, et ayant été profondément touché par ses voyages
constructifs en URSS et en Chine ainsi que par ses relations avec ces pays,
j'ai immédiatement ressenti que l'indépendance de la France était
menacée ; si cette situation perdurait, elle aboutirait inévitablement à
une catastrophe. Il m'apparaissait clairement que ce problème serait également
préjudiciable à de nombreux autres pays, notamment l'Allemagne, la Russie, la Chine,
l'Inde, le Brésil, le Japon, l'Italie et le Mexique, pour n'en citer que
quelques-uns.
2- France : les modalités de la chute et un bilan de la
situation
- Pourquoi ne pas mentionner l'Angleterre parmi les pays précédents ?
- Parce qu'après l'assassinat d'Abraham Lincoln aux États-Unis (1865), les
Anglais sont parvenus à s'infiltrer progressivement dans l'administration,
l'économie et l'enseignement supérieur américains, formant ainsi un État
occulte au sein de l'État américain. De ce fait, la suprématie américaine
devient en quelque sorte une forme indirecte de suprématie anglaise. Je crois
que plusieurs présidents américains ont pleinement compris ce problème, mais
toute tentative de le résoudre peut s'avérer fatale ; c'est pourquoi le problème
perdure et que nous devons toujours en tenir compte. C'est précisément le
problème majeur auquel Donald Trump est confronté aujourd'hui : il doit
éliminer tous les agents secrets et pions de l'influence anglaise afin de
contrôler pleinement et efficacement ce qu'on appelle l'« État profond ».
L'échec de la Chiraquie en 2007 et l'élection du criminel Sarkozy,
véritable ennemi de la France, à la présidence du pays, ont constitué pour moi
la preuve irréfutable que, dans un monde en pleine mutation, Paris devenait
rapidement la capitale d'un État de second rang. Certes, le droit de veto
existe encore au Conseil de sécurité de l'ONU, mais soyons francs ! Il est
réduit à un vestige inefficace et donc dénué de sens.
Est-ce que j'exagère?
Non ! Que s'est-il passé après le meilleur discours jamais prononcé au
Conseil de sécurité de l'ONU ?
(Je parle bien sûr du discours de Dominique de Villepin début 2003)
La réponse est simple : « rien » ! La France a seulement menacé d'utiliser
son droit de veto !
L'invasion américaine de l'Irak signifiait que les forces qui contrôlaient
les États-Unis à l'époque se moquaient éperdument de la communauté
internationale et qu'elles entendaient poursuivre la mise en œuvre de leur
agenda néfaste.
Pourtant, en 2003, quelques personnes intelligentes en France scandaient le
slogan : Paris – Berlin – Moscou – Pékin.
https://www.nouvelobs.com/monde/20030211.OBS6617/irak-face-aux-usa-l-axe-paris-berlin-moscou-pekin.html
Mais tout cela, et bien plus encore, a été enterré en 2007 avec le vote
idiot en faveur du « Gnome de Paris » (comme j'appelais ce personnage
malfaisant, tandis que d'autres l'appelaient « Gnome de Neuilly »).
https://barro.blog4ever.com/lettre-a-alain
Avec Sarkozy, Hollande et Macron, la France est devenue une pièce à exposer
dans le Musée des nations disparues, un musée purement hypothétique mais
indéniablement réel ! Non ! N'ayez crainte ! Ur, Uruk, Eridu, les autres
anciens royaumes sumériens et l'ancien Élam sont exposés dans une salle séparée
!
Je vous ai déjà parlé de ma rencontre avec l'attaché commercial français au
Caire en 2001.
Mais j'ai été très surpris en 2019 (il me semble) de lire que, même en cas
de panne mondiale d'Internet, la Russie était déjà capable de le maintenir
opérationnel à l'échelle nationale (pour ses serveurs), et que Moscou était
ainsi le deuxième État au monde, après la Chine, à pouvoir agir en conséquence.
Il était donc tout naturel pour moi de me demander :
« Pourquoi pas la France ?»
Et il va de soi que l'on peut se poser la même question pour de nombreux
autres pays.
Dès lors, on peut aussi se demander :
« Pourquoi n'y a-t-il pas de Google français, d'Amazon français,
etc. ? »
La réponse est simple : l'échec de la Chiraquie et la présence des successeurs
de Chirac, soit étranges, soit incompétents.
Il y a pire encore : la dynamique des différentes composantes de
l’économie mondiale, l’interconnexion entre certaines d’entre elles (BRICS), la
dédollarisation progressive, les conflits internes au sein du monde occidental
et l’inertie persistante de la France ont engendré une nouvelle situation
mondiale dans laquelle la France, contrairement à la fin du second mandat de
Chirac, apparaît déjà comme un État de troisième rang, risquant de sombrer
encore davantage si aucune mesure n’est prise immédiatement.
Que veux-je dire ?
Premièrement, je ne tiens pas compte de l’Union européenne, car elle n’est
pas un État et ne le deviendra jamais.
Deuxièmement, en considérant l’année 2025, il serait raisonnable de classer
les 30 principales puissances mondiales comme suit (tous paramètres
confondus) :
Premier rang : États-Unis, Chine et Russie
Deuxième rang : Inde, Japon, Brésil et Allemagne
Troisième rang : France, Royaume-Uni, Italie, Indonésie, Mexique,
Turquie, Corée du Sud et Iran
Quatrième rang: Espagne, Pakistan, Arabie saoudite, Égypte,
Bangladesh, Vietnam, Taïwan, Pologne, Nigeria, Canada, Australie, Pays-Bas,
Thaïlande, Argentine et Malaisie
Références :
https://www.indexmundi.com/g/r.aspx?v=65&l=fr
https://fr.wikipedia.org/wiki/Produit_int%C3%A9rieur_brut#Liste_de_pays_par_leur_PIB
et
https://www.cia.gov/the-world-factbook/field/real-gdp-purchasing-power-parity/country-comparison/
Cependant, je crois que l'ensemble de l'élite politique, financière,
universitaire et intellectuelle française a été de plus en plus désorientée
après le départ de Charles de Gaulle, et que le peuple français a été induit en
erreur, polarisé autour de faux dilemmes, de promesses illusoires et d'une
vision déformée de la réalité internationale. Cette situation est comparable à
celle d'un bateau qui, voguant sur une rivière sans moteur et emporté par le
courant, pénètre dans un lac, perd sa destination et s'immobilise.
C’est pourquoi nombre de commentateurs, d’intellectuels, d’hommes d’État et
de politiciens français évoquent aujourd’hui Charles de Gaulle, dans l’espoir
désespéré qu’en imitant son exemple, le pays puisse connaître un redressement
spectaculaire. Malheureusement, cela n’arrivera pas, car il est désormais trop
tard. Cette éventualité aurait eu une chance au début des années 1970, lorsque,
de façon aussi pathétique qu’absurde, sous la direction de Georges Pompidou, la
France a accepté l’Angleterre au sein de la Communauté européenne.
Il est tout à fait normal qu'un Français d'aujourd'hui trouve Chirac
meilleur que Macron, Mitterrand meilleur que Hollande, Giscard meilleur que
Sarkozy, Pompidou meilleur que tous, et de Gaulle meilleur que Pompidou ; mais
cela ne peut mener à rien, car la destruction causée, les dommages engendrés,
les occasions manquées, les changements survenus et la situation qui en découle
obligent un observateur perspicace à comprendre que les possibilités de la
France d'être rétablie, reconstituée, réaffirmée et réinventée dépassent
largement les limites temporelles de la Ve République, ainsi que celles de tous
les régimes attestés en France après le Congrès de Vienne.
Demain, dans l'unité 2 de ma deuxième réponse, je vous expliquerai pourquoi
celui qui sortira la France du cauchemar actuel doit porter la botte de
Napoléon à la jambe droite et l'escarpin de Louis XIV à la jambe gauche.
Donc, demain soir, ma réponse sera entièrement terminée.
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